L'appauvrissement de la langue française de nos jours
Avez-vous remarqué comme, aujourd’hui, l’on a tendance à parler de moins en moins bien français?
On est un peu, je dirais, dans le laisser aller.
Comme si choisir les mots justes pour s’exprimer était devenu trop fatiguant. Alors, on choisit la facilité. On parle comme tout le monde et l’on utilise des expressions toutes usées. Toutes faites.
En réalité, on a tendance à parler comme tout le monde. Et l’on communique de mieux en mieux....
ça va ? - oui, et toi, ça va? - Ben oui, on fait aller! Ou bien:
Ça va ? Oui, ça marche! Et toi ? - Moi aussi, ça marche!
Remarquez le pronom impersonnel « ça », abréviation de « cela »! Pourquoi se parler de manière impersonnelle ? Quel est le sens ? Pourquoi dépersonnaliser nos relations?
Toutefois, c’est peut-être un peu mieux le « ca » que l’expression de l’infirmière qui vous dira à l’hôpital - Alors, elle a bien dormi?
Voilà un bien curieux usage des pronoms personnels !
Comme leur nom l’indique, ils font pourtant aussi bien référence à la personne.
Ne serait-ce pas mieux de dire et de s’entendre dire - comment allez-vous?
Ah, comme le « vous » est bien plus parlant! Comme ce « vous » s’adresse véritablement à moi, à mon identité propre!
Et comme, alors, je me sens exister!
Comment voulez-vous que nous nous entendions bien dans ce monde, comment voulez-vous que nous collaborions bien tous ensemble, si nous nous parlons de manière impersonnelle, si nous nous sentons absents en tant que « je », que « vous », que » nous ».
Par essence, nous sommes des êtres de langage. Nous avons constitué notre personnalité avec les mots que nos parents, et que nos professeurs nous ont adressés.
L’animal n’a pas la parole, mais l’humain la possède pour forger sa personnalité.
Or, plus nous avons un langage pauvre, plus, c’est une évidence, nous nous appauvrissons de l’intérieur.
Moins nous possédons de mots pour nous dire, et moins nous communiquons véritablement avec nos amis et nos proches.
C’est dire que nos échanges deviennent pauvres, voire minimalistes. En tout cas, peu approfondis ni sensibles.
Je me rappelle d’un jeune qui me disait - le film est super!
Ah oui, que veux-tu dire par là?
Ben, j’sais pas moi, il est géant, il est génial! Quoi! Et en s’exprimant, il battait des avant bras comme pour montrer sa frustration de ne pouvoir expliquer vraiment son ressenti.
Moins on a de vocabulaire, moins on a la capacité d’avoir des échanges riches et sensibles. Et l’on demeure dans une sorte de prison de silence. Une IMMENSE frustration!
Et l’on s’isole des autres non physiquement, mais psychiquement et spirituellement.
LE drame.
Et l’on s’ennuie intérieurement, l’on s’appauvrit intérieurement.
Mon époque m’inquiète. Je ne sens pas assez le bonheur parcourir mon cher pays.
Le bonheur des mots, la saveur des mots, la parole joyeuse qui se répand. Où est-elle?
Ce sont les paroles des infos qui sont devenues légion. Les paroles du drame qui enterrent quotidiennement beaucoup trop de Français. Les journalistes, de surcroît, ont été formés ou plutôt formatés à en rajouter, à enjoliver l’horreur afin de faire vendre.
Comment survivre dans un monde, où la parole officielle est mensongère, manipulatrice, destructrice?
Comment aussi se protéger de la parole politique ou politicienne qui domine et manipule avec les mots?
C’est pourquoi, il est urgent de devenir un locuteur conscient et responsable, pour chacun d’entre nous.
Il est urgent de se réapproprier les mots, d’aimer les mots!
Il est urgent d’éteindre la télévision trop souvent abrutissante pour lire un bon livre.
Il est urgent de choisir notre temps libre avec des instants qui nous comblent de joie, de bonheur, d’extase.
Il est urgent d’aller vers ce qui nous fait du bien, de choisir, pour joyeusement s’étourdir !
Un livre est tellement plus vivant que tous les écrans. Un livre porte la bonne odeur du papier. Il y a même une sensualité à parcourir le livre au niveau du toucher. Un livre nous permet d’imaginer, de devenir metteur en scène.
La vraie présence, l’authentique présence, c’est à l’intérieur de nous que nous la trouvons !
Nulle part ailleurs.
Lire, c’est encore enrichir notre vocabulaire, et espérer ainsi de mieux en mieux communiquer avec notre prochain.
Cessons, par pitié, d’acquiescer aux mots à la mode - c’est trop bien! C’est trop beau! J’entends ces deux expressions chaque jour.
Une fois que le locuteur a dit « trop bien, ou trop beau », il n’a rien dit et il a déjà tout dit!
Au secours!
C’est sans aucun doute pourquoi l’on s’ennuie aujourd’hui ! Et pourtant, comme tous, au fonds de nous-mêmes, l’on désire encore plus d’échanges riches et joyeux
Pour moi, les mots sont mes amis. Je les choisis, et j’évite par exemple au mieux ceux qui détruisent, pleurent trop, dramatisent, se moquent, simplifient les émotions et la puissance de la vie.
Il ferait tellement meilleur en France, aujourd’hui, si chacun faisait attention au choix de ses mots pour éviter encore d’autres maux.
Isabelle Dupond
Avec Isabelle Dupond, passionnée par la langue française, vous serez bientôt à l'aise pour parler français.
Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.
Cookies strictement nécessaires
Cette option doit être activée à tout moment afin que nous puissions enregistrer vos préférences pour les réglages de cookie.
Si vous désactivez ce cookie, nous ne pourrons pas enregistrer vos préférences. Cela signifie que chaque fois que vous visitez ce site, vous devrez activer ou désactiver à nouveau les cookies.